L’exposition est ouverte au Caixa Forum de Madrid du 2 décembre jusqu’au 17 avril 2022.
De Paris à Madrid
Montrée pour la première fois par le musée du quai Branly en 2014, elle s’intitulait alors Tatoueurs tatoués, l’exposition Arte Bajo la Piel s’installe pour quatre mois dans la capitale espagnole. Avec plus de 240 pièces, dessins, peintures, modèles en silicone tatoués, outils de tatouage, photographies, etc., provenants du monde entier, elle offre un panorama complet de l’histoire du tatouage, de ses usages et de sa résurgence contemporaine.
Deux nouvelles photographies dans la section Japon
À chaque nouvelle itinérance l’exposition s’enrichit de nouvelles pièces . À Madrid, deux photographies d’Akimitsu Takagi rejoignent la section Japon. Tirées du fond photographique constitué par l’écrivain japonais, ces deux images sont iconiques. Elles montrent d’une part les membres d’un club ancien de personnes tatoués. D’autre part, un tatoueur travaillant à l’aide d’une machine électrique à tatouer. Ces photographies apportent un nouvel éclairage sur l’histoire du tatouage au Japon du 20e siècle et en particulier les années 1950.
Le plus ancien club de tatoués au monde
La première photographie, prise vers 1955, représente des membres tatoués du club de l’Edo Chōyūkai. Toujours en activité, ce club est peut-être le plus ancien du genre dans le monde. L’image a été prise à l’occasion d’un rassemblement dans un parc public à Tokyo. On voit plusieurs hommes et femmes tatoués poser sous une cascade. Ce rituel rappelle celui de takigyō – une pratique ancienne ayant pour objectif de se purifier le coeur et l’âme. Créé au début du 20e siècle, le club revendique la préservation de l’esprit du tatouage comme on le faisait jadis, pendant la période d’Edo. La pratique était alors l’apanage de différents corps de métiers (menuisiers, artisans, pompiers) dont il faisait la fierté.
Une famille historique
La seconde photographie montre le tatoueur Horigorô II. Photographié en plein travail, on le voit reproduire sur le dos de son client une estampe de l’artiste Tsukioka Yoshitoshi (1839-1892) représentant la divinité Fudō Myōō. Contrairement à l’usage habituel dans le tatouage traditionnel, Horigorō II ne travaille pas à la main selon la technique du tebori. Il utilise une machine électrique à tatouer d’inspiration occidentale (brevetée à New-York par Samuel O’Reilly en 1892). Le tatoueur aurait appris la technique de son père, lui aussi tatoueur. Celui-ci se serait converti au cours de sa carrière à cet outil plus moderne, plus rapide et plus précis. La famille se revendique comme étant la première de l’histoire de l’art, au Japon, à se l’être appropriée. L’image prise par Takagi interroge ainsi la temporalité de l’introduction de cet instrument moderne et son appropriation par la profession dans l’archipel.
Retrouvez les photographies prises par Akimitsu Takagi dans le livre the tattoo writer.